PIVOINES 

 

 

 

 

 

Colloque Psychanalytique organisé par l'ACF-Est "Corps Douloureux" - gennaio 2016

 

Traduzione in francese di Sara Nussberger

 

Corto teatrale

 

Romina a trente-trois ans. Elle est assise dos au public.
C’est une jeune femme entre la vie et la mort, entre les souvenirs d’un passé heureux et la souffrance de la violence physique subie.
Pendant qu’elle parle la lumière s’affaiblit.

 

ROMINA – … encore un peu… encore un peu, merci… ne me réveillez pas. (Silence) Trente-trois ans c’est beaucoup, je les sens tous : un par un entassés sur moi… mais voilà… (Silence) Peut-être, il y a peu… dans la cuisine… lui… (Silence) Maintenant j’ai seulement besoin de silence : trop de mots ces derniers temps, trop de mots… trop de tout : trop de fatigue, trop à bout de nerfs… et ainsi les mots volent et même Dieu ne les arrêtent plus… ils volent… volent… ils frappent leur cible… parfois ils font mal, parfois non… ce qui compte, c’est d’aller de l’avant… tout passe… tout reste… ce qui compte c’est l’amour et c’est tout.

 

Silence.

 

Cela devait être en mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit, c’était en quatre-vingt-dix-huit… quel sourire… il pleuvait… ce bus qui ne voulait pas passer… je m’attendais à ce qu’il le fasse… il s’est approché… oui, pour être jolie, j’étais jolie… (Silence) Puis… peut-être en deux mille trois… je ne sais pas, je ne me souviens pas bien… c’est la fatigue… cette grande fatigue qui ne s’en va plus… Trente-trois ans ce n’est pas peu du tout! (Silence) C’était en quatre-vingt-dix-neuf : comme il a été doux, très doux… (Silence) Ça a été de belles années… une maison à nous, une famille à nous… et tant pis pour les épreuves et tout le reste… on y arrivait, quoi qu’il en soit, on y arrivait toujours…

 

Silence.

 

En deux mille sept, nous sommes allés… C’est quand nous sommes allés dans ce château… ou l’année suivante…

 

Silence.

 

Je ne sais pas, je me sens comme… euh… j’ai quelque chose qui… une douleur, qui… je ne sais pas, je ne sais pas… 

 

Silence.

 

Et cette autre fois au lac… Où étions-nous ? (Silence) C’était le quatorze février, il me semble… ou peut-être mai… avec le cerisier sauvage et des fleurs partout… des fleurs, des fleurs… les pivoines…

 

Silence.

 

Enfin, je peux me reposer… (silence) je ne comprends pas ce bavardage… que cherchent-ils ?! Laissez-moi dormir encore un peu… (silence) ces visages… allez-vous-en, je vous en prie… allez-vous-en !

 

Silence.

 

Je sens peser sur moi toute la fatigue du monde… comme si… comme si… j’ai seulement besoin de me reprendre… de dormir… tranquille tranquille… (Silence) Nous y arriverons encore cette fois-ci, nous y sommes toujours arrivés…

 

Obscurité.

 

 

 

scritti

 

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